Sortie des marionnettes à Farako # 1
Il y a 3 semaines, je suis allé à Farako, un village bambara situé à quelques kilomètres de Ségou. L'occasion bien sûr d'y retrouver l'ami Salif...
Mais arrivés sur place, nous avons trouvé les latérites vides. Quelques coups de feu au loin nous apprirent que le village n'avait pas été déserté, et en s'approchant nous avons fini par entendre sonner les tambours : nous tombions, par le plus merveilleux des hasards, sur l'anniversaire de l'école fondamentale... et, à cette occasion, sur une présentation des marionnettes.
Il y avait un monde fou, de tous les âges. On nous a expliqué qu'absolument toutes les personnes originaires et liées de près ou de loin à ce village étaient revenues pour l'occasion. Certains venaient de Bamako, d'autres faisaient le déplacement depuis Gao. Tout le monde était là.
L'événement était présidé par le directeur de l'école bien sûr, fier de nous dire qu'il était élève lors de son ouverture, il y a 50 ans...
Pour parfaire l'événement, comme ça se fait couramment au Mali, la COMATEX (COmpagnie MAlienne du TEXtile), basée justement à Ségou, avait imprimé un pagne dédié à l'événement (d'où ce bleu ciel récurent dans le public).
Impossible d'estimer le nombre de personnes formant cette ronde, mais c'était incroyable.
Comme pour les masques de Sogonafing, une chorégraphie bien précise accompagne la sortie de chaque marionnette :
Tout d'abord, un homme fait irruption en courant au milieu de la piste. D'une petite clochette, il annonce ainsi l'arrivée prochaine d'une marionnette...
Alors, un homme accompagné d'une petite marionnette fait son entrée sur scène. Il traverse la piste et va s'asseoir de l'autre côté avec les petites marionnettes équivalentes qui l'ont précédé...
Les griottes entament alors leurs chants (il y a une chanson précise pour accompagner chaque marionnette), les tambours sonnent de plus belle, et une file indienne de jeunes entre sur des pas bien précis, tous bien synchrones : quelques pas, un jeu avec les bras, un saut et on recommence de l'autre côté...
Et refermant la marche, arrive enfin la plus attendue : la marionnette !
Il s'agissait ici de grosses marionnettes, portées par 2 hommes et accompagnées d'une cohorte de types les suivant courbés pour que le tissus ne décolle pas du sol. Elles faisaient un tour de piste, prenaient la pause devant le podium, et repartaient, toujours escortées de leurs acolytes...
Et comme à Sogonafing, un meneur de jeu veillait au grain, animant et orchestrant au millimètre ce passage...
Sous des allures de doux bordel, les gestes sont en fait précis et les positions tout sauf laissées au hasard.
Les
gamins sont aux anges, les vieux le sont tout autant. Des nuages de poussière
se soulèvent aux passages de ces monstres de couleurs : un univers
fantastique, dans tous les sens du terme !