Les nombreux panneaux de sensibilisation

Le temps défile un peu vite ces jours-ci. C'est donc le moment idéal pour lancer cette nouvelle série : un petit tour du Mali des panneaux de sensibilisation !

On trouve de façon récurrente au Mali, et c'est le cas aussi d'autres pays de la sous-région, un style graphique très naïf et très coloré que j'apprécie énormément.
C'est, par exemple, le type de dessin des souwères (une spécialité sénégalaise semble-t-il, bien que ceux trouvés dans les marchés maliens soient, de ce que j'en ai vu, bien plus beaux et plus riches de détails) : des peintures qui, comme leur nom l'indique, sont réalisées à l'envers, sur une plaque de verre. Ce sont parfois de vraies petites bandes-dessinées. En voici un exemple, signé Bama Touré (mon fournisseur officiel, tellement sympa, que vous pouvez retrouver au marché de N'Golonina).

C'est d'ailleurs aussi le graphisme choisi par Clément Oubrerie pour illustrer les histoires ivoiriennes de Aya de Yopougon...

Et c'est donc souvent ce même style, très simple et tout en couleur, que l'on retrouve sur les divers panneaux de sensibilisation qu'arborent toutes les routes du pays et bien des villes et des villages.

De telles campagnes (concernant le plus souvent la lutte contre le sida, mais pas seulement) permettent de faire passer un message d'autant plus facilement que derrière les beaux chiffres de scolarisation dans le primaire (plus de 80%), s'en cachent d'autres, bien plus préoccupants, comme ceux du nombre moyen d'années de présence à l'école (inférieure à la durée minimum pour qu'un enfant puisse continuer ensuite son apprentissage par lui-même), de la qualité de l'enseignement (les effectifs des classes atteignent classiquement la centaine d'élèves), et des moyens de fonctionnement de l'école (qui, le plus souvent, ne possède pour ainsi dire aucun matériel pédagogique). Bref, un taux d'alphabétisation qui, lui, est catastrophique.

Le sujet est d'ailleurs d'une brûlante actualité, puisque mardi dernier a été lancée au Mali la semaine nationale de l'alphabétisation, et que mardi prochain aura lieu la journée mondiale lui étant consacrée.

Depuis 3 ans, j'ai pris l'habitude de prendre ces panneaux en photo lorsque j'en croise.
Commençons donc par une belle série croisée à la sortie de Sikasso...

Comments

[tribalzOOm]

Beaucoup de tendresse dans tes photos de bord de route, de piste et de rue.

Le langage de ces panneaux est souvent attachant. Il ne faut pas oublier que nos yeux sont rodés à analyser l'image à grande vitesse.

Ce n'est pas le cas de nombreuses personnes au Mali qui ont souvent grandi avec peu d'images.

Je n'oublierais jamais un vieil homme d'un village perdu de la région de Bankass à qui j'ai amené les photos de lui prises lors d'un précedent voyage. Après les avoir tournées dans tout les sens, il m'a indiqué qu'il ne voyait rien sur ces papiers.

En fait, il ne savait pas ce qu'était une photo et ne pouvait même pas comprendre ce que c'était.

Ça remet des choses en cause...

En tout cas, bravo pour ton blog qui fait si bien partager les histoires et images de mon 2ème pays.

[Alex]

Salut Thierry !
Merci pour le tuyau ! J'avais été amené à cette conclusion après avoir été dans la rue de Dakar où sont exposés toutes sortes de "souwères" le long du trottoir. Je n'y avais trouvé que des couchés de soleil orange flashy et des silhouettes en contre jour pour le moins kitsh et des petites scènes du genre de Mohiss, mais sans tous les détails qui font leur intérêt... Content d'apprendre que se trouve ailleurs tout un trésor à découvrir !
Merci pour le tuyau donc, je vais tâcher d'aller trouver ça au marché : je sens que ça va me plaire !

[Thierry H]

Salut.
D'accord avec toi, il y a une énorme richesse dans les panneaux de lutte contre le VIH, les IST en général, l'excision .... j'ai moi même une série de photos sur la lutte contre le VIH.
Par contre, concernant les "souweres" je ne suis pas trop d'accord avec toi, je trouve les modèles sénégalais beaucoup plus beaux et riches, sachant de plus que la majorité des modèles produits au Mali sont des plagiats de modèles sénégalais ou d'ilustrateurs vivants au Sénégal comme celui que tu présentes et dont j'ai oublié le nom du dessinateur .... ça va me revenir, et dont tu trouves les livres sur le marché de Bamako.
Oui, ça revient, ce sont des dessins de "Mohiss" et un des recueil s'appelle "Baobab n'a pas d'épines".